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Vacances d’été : et si vous vous laissiez tenter par la microaventure ?, Expérience Client

Vacances d'été : et si vous vous laissiez tenter par la microaventure ?, Expérience Client

L’été 2020 devrait faire la part belle au «staycation», ce mode de vacances où l’on reste à proximité de chez soi. Mais comment communiquer auprès d’un public qui connaît déjà son territoire ? Plutôt que de s’adresser à lui, comme à un résident résigné ou à un touriste averti, pourquoi ne pas le considérer comme un explorateur en lui proposant de porter un regard neuf, voire décalé, sur ce qui lui semblait si familier ?

C’est
ce que propose la microaventure
. Qu’il s’agisse de descendre la Seine en paddle, de dormir à la belle étoile dans son jardin ou aller rendre visite aux grands-parents à vélo, ces expériences permettent de réenchanter le rapport aux territoires. Ces aventures courtes, proches du domiciles et insérées dans le quotidien ont recours à la désynchronisation, comme par exemple, lorsque l’on fait un trajet connu avec un mode de transport différent, et à la logique de jeu, en faisant d’une contrainte un défi à relever, comme le proposent les émissions « Nus et Culottés », ou « J’irai dormir chez vous ». Plus qu’une pratique sportive, la microaventure se présente comme un rite de passage, fondé sur des rituels d’ensauvagement, qu’ils soient corporels (dormir dehors), sociaux ou culinaires (faire le feu pour se nourrir).

Nouvelles communautés

Pour aider les touristes de proximité à préparer leur prochaine microaventure, plusieurs sources d’inspiration s’offrent selon les catégories de « consommateurs ».

Les « performants » choisiront des guides techniques comme les cartes IGN décrivant les sites, voies, pistes cyclables et degrés de difficultés. Ils aiment se sentir productifs et efficaces dans leurs vacances également et souhaitent optimiser leur temps en y intégrant des activités signifiantes dans lesquelles ils peuvent s’accomplir et progresser. Lisant souvent le territoire à travers une pratique, ils vont « faire de » la randonnée, du vélo, de l’escalade et sont déjà bien connus des acteurs touristiques.

Les « collectionneurs » préféreront un format catalogue comme « les 50 plus belles randonnées » ou les « 1.000 lieux à visiter avant de mourir » avec souvent une injonction associée à un chiffre symbolique et une mise en tension temporelle. Ils vont « faire » le Mont Aiguille ou la ViaRhôna. Il s’agit de se fabriquer des souvenirs comme autant d’expériences mémorables. L’offre en faveur de cette « économie de l’expérience » existe déjà et s’enrichit régulièrement de nouvelles propositions.

Les « joueurs » sont les plus durs à suivre car ils ne veulent pas suivre les traces des autres. Ils cherchent à remettre en jeu le territoire en créant eux-mêmes leur propre expérience. Pour cela, ils trouvent l’inspiration dans des livres (« Deux jours pour vivre »), podcasts et surtout au travers de communautés telle que Chilowé. Ces dernières donnent des exemples de contraintes comme autant de défis qui permettent le ré-enchantement des territoires : faire du canoë de nuit, traverser un territoire en suivant une ligne droite précise. La notion d’exploration prévaut, faisant de ce moment un rite de passage. Les membres de la communauté obtiennent parfois un nom de totem.

Zones d’ensauvagement

Comment les acteurs du tourisme
peuvent-ils accompagner les futurs adeptes de la microaventure ? Tout d’abord en collaborant avec les communautés qui se sont constituées autour du concept. Elles se positionnent désormais comme des tiers de confiance, demandent à leurs membres de faire émerger, tester et partager des idées, et s’inscrivent comme des intermédiaires dans l’accès à une offre caractérisée selon des critères de proximité des villes et de courte durée.

Côté aménagement du territoire, la démarche pourrait s’accompagner d’une préservation des zones d’ensauvagement, par exemple en autorisant et en accompagnant le bivouac, et d’une réflexion sur le rôle d’objets intermédiaires de pleine nature, pour donner du sens. Certaines stations de montagne se dotent ainsi de « pas dans le vide » – boîte en verre suspendue, comme à l’Aiguille du Midi – ou de chaises disproportionnées dans les arbres permettant de se sentir encore plus petit. Concernant l’équipement, les gammes «outdoor» pourraient s’élargir pour dépasser l’aspect utilitaire : en prolongeant l’expérience à l’instar d’Opinel qui propose un kit de cuisine nomade ou de Natures et Découvertes qui accentue la symbolique en proposant un panier en osier avec verre et couverts.

Envisager la microaventure comme un rite nécessite de communiquer différemment et d’accompagner les expériences comme autant de rituels en donnant aux adeptes un véritable rôle créatif.


Hélène Michel est professeur en innovation et t gamification à Grenoble Ecole de Management (GEM)

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