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Cette épidémie qui accélère la transition numérique, Directions Numériques

Cette épidémie qui accélère la transition numérique, Directions Numériques

A la mi-mars, une grande banque envoie un message à ses milliers de petits fournisseurs. Elle est vraiment désolée. Mais pendant l’épidémie, elle n’acceptera plus de factures en papier. Seuls les documents envoyés par courrier électronique seront traités.

A vrai dire, beaucoup de ces fournisseurs n’ont pas été vraiment surpris. Ils s’étonnaient plutôt de devoir encore imprimer leur facture, écrire un petit mot d’accompagnement, glisser le tout dans une enveloppe, timbrer l’enveloppe après avoir vérifié qu’elle ne dépassait pas vingt grammes, la déposer dans une boîte aux lettres. Et ils seraient encore plus surpris de devoir revenir à ce procédé obsolète après l’épidémie. Après tout, ce ne serait pas la première fois qu’une mesure provisoire, décidée suite à des circonstances exceptionnelles, devient définitive.

Le plus efficace des gestes barrières

La crise sanitaire donne un formidable coup d’accélérateur à la transition numérique. Pour une raison simple : le virus qui a déjà emporté plus de 100.000 vies se propage dans l’interaction humaine. Une bise ou une poignée de main, un éternuement, voire un bouton de porte ou d’ascenseur, peut-être même un courrier… le mal circule uniquement en face-à-face ou en contact personnel.

C’est pour cette raison que les gouvernements ont décidé de confiner plus de la moitié de la population mondiale. Mais ils n’ont pas eu à confiner l’information. Ce virus est physique, pas virtuel. Le numérique est donc le plus radical et le plus efficace des gestes barrières. Voilà pourquoi il s’impose aujourd’hui à une vitesse sans précédent, en s’appuyant sur des investissements massifs faits dans les infrastructures, les entreprises et les foyers ces dernières années.

Cinq ans condensés en une semaine

Le télétravail
est sans doute la face la plus visible du basculement. Du jour au lendemain, des millions de salariés ont cessé de venir au bureau pour travailler chez eux, sur leurs ordinateurs reliés au réseau de l’entreprise ou de l’administration. « Avec le coronavirus, l’essentiel de notre plan de transformation à cinq ans a dû être condensé en une semaine », témoigne Jason Oliver, directeur des technologies de l’information à l’université anglaise du Sussex – 3.000 employés et 19.000 étudiants passés au numérique en un week-end (
cité par ZDNet.com
, le 7 avril 2020).

Les chiffres sont spectaculaires.
Zoom
, qui propose des services de vidéoconférence en ligne, compte désormais plus de 200 millions d’utilisateurs par jour contre à peine 10 millions en début d’année. Le travail à distance n’est certes pas la panacée. Des foules de salariés sont
perdus en route
. Les myriades de microdécisions, naguère arbitrées à la machine à café ou en se croisant au parking, deviennent moins simples à prendre.

Source : Gartner (avril 2020).

Mais le télétravail s’est imposé d’un seul coup. Aux Etats-Unis, où tout va souvent plus vite, des entreprises ont déjà annoncé qu’elles vont dénoncer leurs baux pour des milliers de mètres carrés de bureau, préférant organiser plusieurs fois par an des conventions réunissant leurs salariés.
Une enquête réalisée fin mars
par le cabinet spécialisé Gartner auprès de 300 directeurs financiers révèle que la moitié d’entre eux laisseront au moins 10 % de leurs salariés en télétravail après l’épidémie.

Drive en B to B

Dans le commerce, la bascule est presque aussi rapide. La proportion de Français faisant leurs courses en ligne
a pratiquement doublé en un mois pour atteindre 20 %
, selon le cabinet Kantar. Amazon est loin d’être le seul à en profiter. Les chiffres des grandes enseignes sont du même ordre de grandeur pour les livraisons et les ventes en drive, ce système où la commande passée par Internet est préparée puis récupérée par le client qui passe en voiture ou désormais à pied.

Encore plus frappant : ces techniques de distribution se développent aussi très vite dans le commerce B to B, celui qui se passe entre professionnels.
L’enseigne vendéenne VM Matériaux
a, par exemple, rouvert des lieux de vente de matériaux de construction uniquement en drive.

La presse écrite n’échappe pas à l’accélération numérique. Avec la fermeture de nombreux kiosques et les intermittences de La Poste,
les journaux de papier perdent des lecteurs
qu’ils ne retrouveront jamais. La publicité s’est effondrée. Symétriquement, les « pages vues » sur Internet ont explosé. L’amplification de la transition est brutale.
Nombre de journaux n’y survivront pas
, faute de business model adapté.

Données et liberté de mouvements

Même des secteurs autrefois arc-boutés contre la progression du numérique ont basculé. C’est le cas de l’industrie du cinéma, qui avait refusé de décerner des prix à des films tournés non pour le grand écran mais pour Netflix. Avec la fermeture des salles, la profession a soudain réclamé que les films récents puissent être
tout de suite accessibles en vidéo à la demande
, éjectant ainsi une étape essentielle de la « chronologie des médias » qu’elle avait auparavant exigée.

L’épidémie va aussi faire bouger les frontières sur la protection des données personnelles. Beaucoup de Français accepteront de
perdre le contrôle sur leurs data
s’ils peuvent récupérer en échange leur liberté de mouvement. Les freins sur la transition numérique se lèvent. L’accélération va être puissante. Elle pourrait apporter des gains d’efficacité massifs. Elle va aussi faire des victimes.

Le virus est physique, pas virtuel. Le numérique est donc le plus radical et le plus efficacedes gestes barrières

Aux Etats-Unis, des entreprises ont déjà annoncé qu’elles vont dénoncer leurs baux pourdes milliers de mètres carrésde bureau

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